Passionné de musique et de théâtre lyrique, ami intime des plus grands musiciens de l’époque (Lully, Couperin et Destouches) et de Monsieur le Frère du Roi de France, futur Duc d’Orléans, Antoine Ier (1661-1731) permet à la Principauté de Monaco, dès son retour de la cour de Versailles au début du XVIIIe siècle, de s’affirmer comme véritable centre culturel de l’Europe.
En 1706, Antoine Grimaldi s’installe définitivement à Monaco. Il organise dès lors au Rocher de somptueuses fêtes, des concerts, de brillantes représentations théâtrales, à l’instar de la cour versaillaise. Il se fait envoyer, dès leurs publications, toutes les nouvelles œuvres françaises et italiennes du moment (dont celles représentées à l’Opéra de Paris), et constitue ainsi un très riche fond de partitions instrumentales et vocales, tant sacrées que profanes. « Nous musiquons du matin au soir, et les journées nous paraissent trop courtes ! Oh ! Dolce vita ! Que ne pouvez-vous durer à jamais. » Dans cette Principauté pourtant bien voisine de l’Italie, et toute imprégnée de son influence, la musique française y tient une place de choix, primauté qui ne cessera de se maintenir et de s’affirmer par la suite. Antoine Ier crée et entretient une troupe de chanteurs et un orchestre, dont il surveille personnellement le recrutement, et qu’il dirige parfois lui-même, avec la baguette que lui a léguée Lully. Il aime à présenter ses réalisations artistiques aux visiteurs de marque reçus au Palais : « J’ose dire au surplus avec vérité qu’à l’exception de Paris, il n’y a nul endroit où l’on exécute mieux qu’icy ».